Le temps spécial : 15 mn. qui transforment la relation avec votre enfant
Dans un quotidien chargé, entre les devoirs, les activités et les transitions d'une maison à l'autre lorsqu'on est séparé, il est parfois difficile de créer de véritables moments de connexion avec nos enfants. Pourtant, il existe une approche étonnamment simple qui peut transformer en profondeur la relation parent-enfant : le temps spécial.
C'est une proposition que je fais aux coparents et j'ai pu observer les effets remarquables de cet outil. Pour les parents séparés l'outil a fait ses preuves alors que le besoin de connexion est souvent amplifié par les changements de rythme et d'environnement. Il est très apprécié également des parents qui ont un emploi du temps chargés et qui ont le sentiment de n'être plus que des gestionnaires de la famille, tantôt chauffeur, cuisinier, blanchisseur ou caporal.

Qu'est-ce que le temps spécial ?
Le principe est d'une simplicité désarmante : quinze minutes par jour, entièrement dédiées à votre enfant, pendant lesquelles il est aux commandes. Ce n'est pas tant la durée qui compte, mais la qualité de ce moment et sa régularité.

Les règles sont simples :
- L'enfant choisit l'activité
- Le parent est totalement présent (pas de téléphone, pas d'interruptions)
- Pas de directives, pas de leçons, pas de discipline
- Le parent observe et peut commenter de façon descriptive, sans jugement
Ce qui semble être un moment de jeu ordinaire cache en réalité un outil puissant de connexion et de développement.
Pourquoi ça marche ?
L'efficacité du temps spécial repose sur plusieurs mécanismes :
La prévisibilité : dans un contexte de coparentalité où les changements sont nombreux, ce moment ritualisé devient un point d'ancrage rassurant.
Le contrôle : l'enfant, qui doit souvent s'adapter aux décisions des adultes, devient maître de ce moment. Ce renversement des rôles est particulièrement libérateur.
L'attention de qualité : être vraiment vu, entendu, sans jugement ni directive, répond à un besoin fondamental de l'enfant.
Dans la pratique : comment mettre en place le temps spécial
La mise en place demande quelques ajustements, mais les bénéfices sont rapidement visibles. Voici deux exemples de mise en œuvre par des parents dans des contextes bien différents.
Le retour de l'école : quand le jeu libère la parole
Qui n'a pas vécu ces retours d'école où chaque question semble se heurter à un mur ? Louise, 7 ans, rentre de classe chez son père. Comme souvent, elle est agitée, peu disposée à parler. Les questions habituelles sur sa journée se heurtent aux traditionnels "je sais pas" et "rien".
C'est là que le temps spécial révèle sa magie. Au lieu d'insister avec des questions, le père annonce simplement : "C'est notre moment rien qu'à nous deux." Louise choisit de sortir ses poupées. Sans questions, sans pression, juste la présence attentive de son père qui participe au jeu qu'elle dirige. Progressivement, à travers les histoires qu'elle invente pour ses poupées, Louise commence à parler. Une dispute dans la cour de récréation, une nouvelle amie, une activité qui l'a rendue fièrement... Les mots viennent naturellement, portés par le jeu et la connexion avec son père.
Les retrouvailles après le week-end : recréer le lien en douceur
Le dimanche soir, Thomas, 9 ans, revient de chez sa mère. Comme souvent lors de ces transitions, il file dans sa chambre, lointaine, comme s'il lui fallait du temps pour "changer de peau". Son père sait que ces moments sont délicats. Au lieu d'essayer de le faire parler tout de suite, il lui rappelle leur rituel : leur temps spécial quotidien.
Cette fois, Thomas a choisi de montrer à son père son jeu vidéo préféré. Assis côte à côte, le père observe, s'intéresse, commente les prouesses de Thomas dans le jeu. Pas de questions sur le week-end, juste une présence attentive. Petit à petit, la tension dans les épaules de Thomas se relâche. Entre deux parties, il commence à partager spontanément des pots-de-vin de son week-end, ses pensées, ses préoccupations. Le lien se retisse en douceur, à son rythme.
Les clés de la réussite
La régularité : mieux vaut 10 minutes tous les jours que 30 minutes de temps en temps.
L'attitude du parent :
- Observer plus que questionner
- Décrire ce qu'on voit sans juger
- Résister à l'envie de diriger ou d'enseigner
- Être vraiment présent
La liberté de l'enfant :
- Dans le choix de l'activité
- Dans ce qu'il veut partager ou non
- Dans la façon dont il utilise ce temps
Le temps spécial se démarque des multiple méthodes et conseil car l'objectif n'est pas la performance d'un bon résultat. Il s'agit ici de se donner 15 minutes sans pression, sans rechercher a expliquer. éduquer, orienter... Juste 15 minute a regarder son enfant mener une activité ou un jeu et s'intéresser à a ce qu'il propose autres attente qu'un simple partage.
Adaptations en situation de coparentalité
Le temps spécial prend une dimension particulière dans le contexte de la coparentalité :

Pour les transitions :
- Aide à la reconnexion après les changements de maison
- Permet à l'enfant de se réapproprier son espace
- Réduit l'anxiété liée aux changements
Pour maintenir le lien :
- Crée une continuité relationnelle malgré les séparations
- Renforce le sentiment de sécurité affective
- Offre un espace d'expression protégé
En conclusion : un investissement qui rapporte gros
Le temps spécial n'est pas qu'un simple moment de jeu. C'est un outil puissant qui permet de construire ou de reconstruire la connexion parent-enfant, particulièrement précieux dans les situations familiales complexes.
Dans l'accompagnement d'enfants vivant des situations de coparentalité, cet outil montre toute sa puissance. Il permet aux enfants de maintenir un lien sécure avec chaque parent, d'exprimer leurs besoins de façon naturelle, et de traverser les transitions avec plus de sérénité. Les professionnels de l'accompagnement parental l'utilisent régulièrement car ses effets sont rapides et durables : les parents rapportent une amélioration notable de leur relation avec leur enfant, et les enfants montrent une plus grande capacité à s'exprimer et à gérer leurs émotions.
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