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#9 Le biais d’optimisme et de pessimisme en coparentalité : entre espoirs et craintes

Par Isabelle Pénin, Coach coparentale à Montréal

Neuvième et dernier article d'une série sur les biais cognitifs en coparentalité





Un cerveau qui joue les prophètes


Notre cerveau a une tendance naturelle à anticiper l’avenir en se basant sur ses expériences passées et ses croyances. Ce processus peut être influencé par le biais d’optimisme ou le biais de pessimisme, qui nous poussent respectivement à voir l’avenir de manière excessivement positive ou exagérément négative.

Le biais d’optimisme nous fait surestimer les chances que les choses s’améliorent spontanément. Il peut nous inciter à minimiser les risques ou à retarder des actions nécessaires, en supposant que « tout finira par s’arranger ». À l’inverse, le biais de pessimisme nous enferme dans une vision figée des difficultés, nous faisant croire que toute tentative d’amélioration est vouée à l’échec. Ces deux biais influencent nos décisions et nos comportements, parfois au détriment d’une approche plus réaliste et nuancée.

Pourquoi ces biais existent-ils ? D’un point de vue psychologique, ils sont liés aux mécanismes de protection et d’adaptation du cerveau. L’optimisme nous aide à avancer malgré l’incertitude, tandis que le pessimisme nous prépare aux éventuels dangers. Cependant, lorsqu’ils prennent trop de place, ils faussent notre perception et altèrent nos choix.


L’illusion du pire ou du meilleur : quand le biais influence nos décisions parentales


En coparentalité, ce biais peut s’appliquer non seulement à l’autre parent, mais aussi à nous-mêmes. Un parent peut être excessivement optimiste quant à sa propre capacité à gérer la coparentalité, pensant que tout se réglera sans effort ou adaptation. À l’inverse, il peut être pessimiste face à ses propres actions, doutant de ses compétences parentales et anticipant des échecs qui n’ont pas lieu d’être.

Lorsqu’il est dirigé vers l’autre parent, ce biais peut :

  • Créer des attentes irréalistes : Croire qu’un ex-conjoint va radicalement changer et devenir un parent modèle du jour au lendemain peut mener à de grandes déceptions.

  • Renforcer les conflits : Un parent pessimiste peut considérer que chaque désaccord est un signe irréfutable que la coparentalité est impossible, rendant tout dialogue difficile.

Lorsqu’il s’applique à soi-même, il peut :



  • Saboter la confiance parentale : Un parent qui doute de sa capacité à bien gérer la situation risque d’adopter une posture défensive ou de se retirer de décisions importantes.

  • Provoquer de l’épuisement émotionnel : Une surévaluation des efforts nécessaires à la coparentalité peut conduire à un sentiment d’incompétence et de fatigue excessive.

Dans les deux cas, ces perceptions biaisées peuvent fausser les décisions parentales. Un parent trop optimiste peut minimiser l’impact des désaccords et éviter des discussions nécessaires. À l’inverse, un parent pessimiste peut refuser toute négociation, anticipant systématiquement un conflit.


Quand nos certitudes dessinent l’avenir de nos enfants


Les enfants sont directement impactés par la manière dont leurs parents perçoivent la réalité de la coparentalité.

  • Un parent trop optimiste peut transmettre à l’enfant une vision idéalisée et instable : L’enfant risque d’être déçu si l’autre parent ne répond pas aux attentes élevées placées en lui. Cette déception peut entraîner une perte de confiance, voire un sentiment d’insécurité.

  • Un parent trop pessimiste peut créer un climat anxiogène : Si un enfant grandit en entendant constamment que « ça ne s’arrangera jamais », il peut développer un sentiment d’impuissance ou d’appréhension face aux interactions parentales, impactant sa propre capacité à gérer les conflits plus tard.

  • Une perception exagérée empêche l’enfant de construire une image réaliste de ses parents : Un enfant qui perçoit un parent comme toujours bienveillant ou toujours défaillant aura du mal à nuancer ses propres jugements et à développer une vision équilibrée des relations humaines.


Débloquer nos scénarios intérieurs pour une coparentalité plus fluide


Quand un parent se projette dans l’avenir de la coparentalité, son regard est souvent influencé par son état émotionnel du moment. Certains, pleins d’optimisme, imaginent que tout va s’arranger sans effort, tandis que d’autres, prisonniers du pessimisme, anticipent que rien ne changera jamais.

Dans mon travail de coach coparentale, j’accompagne souvent des parents qui sont enfermés dans ces anticipations extrêmes. Un outil simple mais puissant pour contrer ce biais est l’Alternative Crédible issu de l'Entrainement mental. L’idée est d’explorer plusieurs scénarios possibles au lieu de rester bloqué sur une seule vision de l’avenir.

Prenons l’exemple d’un parent qui me dit, résigné : « De toute façon, il ne respectera jamais les nouveaux horaires. »

Plutôt que d’accepter cette certitude comme une vérité absolue, je l’invite à envisager d’autres possibilités crédibles :

  • Et si, au contraire, il s’adaptait plus facilement que prévu ?

  • Et s’il fallait un temps d’ajustement avant que ça se stabilise ?

  • Et quelles seraient les solutions à mettre en place en cas de difficultés ?

Ce simple exercice oblige le parent à sortir d’un mode de pensée figé et à réintroduire de la nuance dans sa perception du futur. Il ne s’agit pas de rêver d’un scénario idéal ni de nier les difficultés, mais de redonner une place à une évolution possible.

Travailler sur ces alternatives crédibles permet de réduire l’anxiété, de mieux se préparer aux ajustements nécessaires et, surtout, d’aborder la coparentalité avec une posture plus souple et plus lucide.


Conclusion : Mieux voir l’avenir, mieux avancer en coparentalité



Se libérer du biais d’optimisme et de pessimisme ne signifie pas perdre espoir ni se résigner. Il s’agit plutôt d’ancrer ses décisions et ses attentes dans une réalité plus équilibrée. Une vision plus réaliste de la coparentalité permet :

  • Une meilleure adaptation aux évolutions réelles : On ne se fige pas dans une attente idéalisée ni dans une résignation absolue.

  • Un climat parental plus stable pour l’enfant : Lorsque les parents ajustent leurs attentes et réagissent de manière mesurée, l’enfant bénéficie d’un environnement plus rassurant et prévisible.

  • Une communication plus fluide et des décisions plus justes : En évitant de surinterpréter chaque situation, les parents peuvent établir des échanges plus constructifs et prendre des décisions qui correspondent réellement aux besoins de leur enfant.


Avec cet article, nous clôturons cette série sur les biais cognitifs en coparentalité. En reconnaissant et en ajustant ces mécanismes, il devient possible de bâtir une relation parentale plus apaisée et bénéfique pour les enfants.


 
 
 

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Crédit photos Isabelle Pénin

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